Le mythe de Roswell
Quelques jours après la découverte d’Arnold, le 7 juillet 1947, un fermier de Roswell au Nouveau-Mexique découvre des débris dans son pré. Dans cette région, on a l’habitude de retrouver des morceaux de ballon-sonde, mais le fermier déclare que ce n’est pas le cas cette foisci. Le lendemain, Jesse Marcel, un officier de l’armée de l’air américaine, rapporte les débris à sa base pour qu’ils soient examinés. Il précise « qu’une longueur considérable de ruban adhésif et du ruban avec des fleurs imprimées dessus avaient été utilisés dans la construction » ! Un major de l’Air Force déclare le 8 juillet que ce sont bien les débris d’un ballon, et explique qu’il s’agit d’un ballon-sonde secret destiné à espionner les expériences nucléaires militaires soviétiques qui sont en préparation. Exit « l’affaire de Roswell », bien que les journaux aient publié immédiatement des articles sur « la soucoupe volante extraterrestre ».
L’affaire ressurgit trente ans plus tard, en 1978, lorsque Jesse Marcel, maintenant à la retraite, déclare à un ufologue venu l’interviewer, que les débris montrés à l’époque aux journalistes par le général responsable de la base n’étaient pas ceux qu’il avait apportés de Roswell. Pour lui, il s’agissait indubitablement d’un vaisseau spatial. Notons qu’il a modifié son récit à plusieurs reprises au cours du temps. L’affaire fait cependant grand bruit, et plusieurs livres sur la question sont publiés dans les années 1980 et 1990, invoquant de nombreux nouveaux témoignages et suggérant que le gouvernement avait volontairement dissimulé la récupération d’un ovni. Plus encore, la théorie du crash de l’ovni débouche sur l’idée que des cadavres d’extraterrestres avaient été récupérés et cachés. Plusieurs de ces corps auraient été autopsiés, et un film réalisé dans les années 1990 et diffusé dans 27 pays « montre » ces autopsies. L’ennui est que, le 7 avril 2007, la Warner Bros sort un reportage, « L’histoire d’une fausse autopsie », expliquant qu’un spécialiste connu d’effets spéciaux, John Humphreys, avait créé douze ans plus tôt des créatures en latex remplies d’organes de mouton qui avaient servi pour ce film… Mais la « rumeur de Roswell », titre du livre du sociologue français Pierre Lagrange, reste aujourd’hui omniprésente dans les BD, les mangas, les romans, les films et l’imaginaire collectif.
Vagues d’ovnis à répétition
Les ovnis déferlent également en France dans les années 1950. Cela débute avec l’observation, quelques mois après la première vague d’ovnis observés à Washington, d’un cigare volant au-dessus d’Oloron Sainte-Marie dans les Pyrénées ; il possède une sorte de queue filamenteuse. Une explication est donnée par une spécialiste des araignées : il s’agirait de fils émis à l’automne par une variété d’araignées, un phénomène très connu des jardiniers. Puis, dans les semaines suivantes, toute la région observe des essaims de soucoupes volantes et les journaux de la France entière en font leur une.
Il est impossible de rapporter tous les ovnis recensés par la suite, puisqu’il y en a plusieurs chaque année. Citons un cas d’école, celui de Trans-en-Provence le 8 janvier 1981 : un habitant voit un objet ayant « la forme de deux assiettes renversées l’une contre l’autre » se poser puis décoller en laissant des traces matérielles qui font l’objet d’une analyse scientifique détaillée par le Gepan (voir plus loin) [4]. Celle-ci montre que les plantes ont subi un « stress » au voisinage de l’objet. Pour les uns, il s’agit des traces d’un engin extraterrestre, pour les autres c’est simplement le pneu d’une bétonnière (il y en avait une) qui a raclé le sol ([5] qui montre également plusieurs incohérences et légèretés dans l’analyse de l’affaire).
Entre 1989 et 1991, de nombreux témoins déclarent avoir observé à différents endroits en Belgique une forme triangulaire aux angles arrondis, d’une quarantaine de mètres de large, avec un phare à chaque extrémité du triangle et un phare rouge au centre, se déplaçant avec peu de bruit. Pendant presque deux ans, des
milliers d’observateurs voient des objets identiques, dont certains correspondent aussi à des échos radars. C’est ce que l’on a nommé « la vague belge ». Des avions F16 sont mobilisés à plusieurs reprises pour les suivre.