Le printemps est l’occasion de tenter d’observer jusqu’à une centaine de galaxies, amas et nébuleuses en une seule nuit ! Un défi à relever à votre rythme, seul, entre amis ou comme un marathonien, dans les pas du célèbre astronome Charles Messier.
Voir toutes ces merveilles du ciel profond en une seule nuit ? C’est possible en relevant le défi du marathon Messier ! Attention cependant, ces objets célestes sont parfois difficiles à débusquer pour les débutants, et leur aspect est souvent beaucoup plus pâle et diffus que sur les photos.
Une liste historique pour observateurs modestement équipés
Lorsqu’au XVIIIe siècle, aidé de Pierre Méchain, l’astronome français Charles Messier a établi son catalogue de 110 objets nébuleux à ne pas confondre avec des comètes, les optiques utilisées n’étaient guère plus performantes que les instruments d’initiation modernes. Aujourd’hui, cette liste d’objets est donc parfaite pour les possesseurs d’instruments modestes, même si elle est loin d’être exhaustive.
Tous en une seule nuit ? Relevez le défi !
Le catalogue de Messier a pour caractéristique d’être accessible en totalité depuis l’hémisphère nord. De plus, tous ses objets sont visibles en une seule nuit entre début mars et début avril grâce aux longues nuits de cette période de l’année, mais aussi et surtout parce que le Soleil se trouve alors dans les constellations du Verseau et des Poissons, où Charles Messier n’a répertorié aucun objet. Des constats qui ont amené des observateurs américains et espagnols à imaginer dans les années 1970 un défi astronomique : observer tout ce catalogue en une seule fois ! Ainsi est né le marathon Messier.
Quand pratiquer le marathon Messier ?
Choisissez une nuit du mois de mars. En effet, ces nuits sont encore suffisamment longues pour permettre de pointer les objets visibles uniquement en début et fin de nuit.
Sélectionnez ensuite une nuit sans Lune afin de bénéficier d’un ciel bien noir pour débusquer les objets faiblement lumineux.
Date de la nouvelle lune, pour peu que les conditions météorologiques soient bonnes.
Où pratiquer le marathon Messier ?
Pour optimiser ses chances, il faut aussi choisir un lieu d’observation disposant d’un horizon sud-ouest bien dégagé et avec le moins de pollution lumineuse possible. Attention, les observateurs situés aux latitudes les plus basses (sud de la France et pays méditerranéens, 45° nord et moins) sont avantagés par rapport à ceux situés au nord de Paris (48° nord et plus), ces derniers ne pouvant que difficilement pointer les quelques objets culminant à de faibles hauteurs sur l’horizon.
La préparation du matériel
Bien que les systèmes de pointage automatiques GoTo facilitent aujourd’hui ce challenge pour ceux qui en sont équipés, une préparation minutieuse reste indispensable pour garantir sa réussite. L’instrument, s’il est motorisé, doit pouvoir disposer d’énergie pour une nuit entière. L’humidité étant souvent présente à cette époque de l’année, pares-buée et résistances chauffantes sont bien utiles. Deux à trois oculaires permettant des grossissements faibles à moyen sont suffisants : en effet, on cherche juste à repérer les objets, pas à les détailler. L’utilisation d’un filtre antipollution peut être aussi un atout précieux. Installez votre équipement avant la nuit pour débuter les premiers repérages dès que le noir est suffisamment installé : en effet, le programme de recherche en début de soirée est chargé.
Couvrez-vous !
Pour tenir durant plusieurs heures, il faut également que l’observateur soit en forme et habillé chaudement (sortez vêtements de ski, bonnet, gants et chaussures à semelles épaisses !). Biscuits et boissons chaudes sont également indispensables pour espérer aller jusqu’au bout de la nuit
Pointer dans le bon ordre
Pour maximiser ses chances, il est indispensable d’utiliser une liste donnant un ordre précis d’observation car certains objets ont une fenêtre de visibilité très réduite dans le temps, tels ceux du début de soirée qui disparaissent très vite derrière l’horizon ouest. Cette liste est disponible en fin d’article et téléchargeable au format PDF. Si vous ne disposez pas de système de pointage automatique, il est conseillé de localiser chaque cible en amont sur des cartes de repérage et pour perdre encore moins de temps, de noter les numéros de cartes correspondants sur la liste
Un demi-marathon, c’est déjà bien !
Certains objets sont un peu plus difficiles à repérer que d’autres, alors nous avons indiqué les plus accessibles pour les débutants et les possesseurs d’instruments modestes qui pourront éventuellement choisir de faire un demi-marathon ! En effet, un instrument de 60 mm de diamètre donne accès à une bonne cinquantaine d’objets, alors qu’en repérer une centaine est tout à fait possible avec un télescope de 200 mm. Pour la petite dizaine restante, tout se jouera suivant la latitude du lieu d’observation et la transparence du ciel à l’horizon.
Bien suivre le timing
Le programme de la première partie de la soirée est intense, mais le rythme ralentit ensuite. Portez une attention particulière à la recherche de M83 en milieu de nuit, car sa fenêtre de visibilité est très réduite. Juste après, vous pourrez vous octroyer une pause réconfortante durant une bonne demi-heure avant d’attaquer la seconde partie de nuit, plus tranquille sauf pour les derniers objets où il faut accélérer les repérages afin de boucler le défi du marathon Messier avant que le jour ne se lève.
A plusieurs, c’est mieux !
Pour être certain d’arriver au bout de cette observation peu ordinaire, le mieux est encore de la réaliser en compagnie de quelques amis, ainsi les pointages se feront tour à tour et l’ambiance sera bien plus motivante. N’oubliez pas dans ce cas de prévoir cette observation quelques jours à l’avance pour que chacun puisse s’organiser. Certains clubs prévoient aussi le marathon Messier dans leur planning annuel d’observation, renseignez-vous !
Et si malgré tous ces préparatifs, vous ne parvenez pas à cocher tous les objets de la liste du premier coup, ce n’est pas grave, car vous aurez sans doute eu l’occasion de (re)découvrir quelques objets sur lesquels vous pourrez revenir ultérieurement… L’essentiel, c’est de participer !
Marathon Messier : l’indispensable liste !
Cochez au fur et à mesure les objets pointés et vus. La hauteur sur l’horizon permet d’anticiper sur la difficulté de pointage en présence de pollution lumineuse et de brume ; pour les observateurs du nord de la France ou du Canada ou encore ceux de Belgique, les objets affichés à moins de 8° seront difficiles à pointer. Les numéros Messier en gras dans le tableau mettent en évidence les objets les plus accessibles pour les débutants et les possesseurs d’instruments modestes.
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